La trilogie by Knut Hamsun

La trilogie by Knut Hamsun

Auteur:Knut Hamsun [Hamsun, Knut]
La langue: fra
Format: epub
Tags: théatre, littérature norvégienne
Publié: 2017-02-13T23:00:00+00:00


ACTE II

Dans la propriété de monsieur Oterman. À droite un large escalier, signe d’un certain standing, ainsi qu'une partie du corps principal. Le même paysage qu'au premier acte, mais vu sous un autre angle. Sur le promontoire une haute bâtisse, la tour de Kareno. On voit la mer avec ses récifs sur lesquels les vagues se brisent.

C’est l’automne, il y a déjà un peu de neige. On entend le bruissement de la mer. Il est trois heures de l’après-midi. Le jour commence à baisser. Quelqu’un joue du piano dans la maison.

Jens Spir, la trentaine, barbiche, se tient près de l’escalier. Il fume et écoute la musique. Monsieur Oterman arrive rapidement (à droite), passe devant l’escalier, contourne la maison, puis revient.

OTERMAN. La mer est grosse aujourd’hui.

JENS SPIR. Il y a risque de tempête.

OTERMAN. Du nouveau sur la ligne, Spir ?

La musique s’arrête.

SPIR. On compte quelques naufrages, dans le Nord, cette nuit.

TERESITA (de l’escalier). Papa, le café va être froid.

OTERMAN. Je n’ai pas le temps. Où sont les garçons ?

TERESITA. Je ne sais pas.

OTERMAN. J’ai besoin d’eux. Il y a un travail fou et je ne trouve personne pour le faire.

TERESITA. Évidemment, tu laisses partir tout le monde.

OTERMAN. Je n’arrive plus à les payer. Ils ont trop d’exigences, Spir, ils veulent sans cesse des augmentations, jusqu’à vous sucer le sang. Et s’ils n’obtiennent pas tout ce qu’ils veulent, ils s’en vont.

SPIR. C’était beau ce que vous jouiez, mademoiselle Teresita.

TERESITA. Je vais mettre ton café dans ton bureau, papa.

OTERMAN. Ne te dérange pas, je n’aurai pas le temps de le boire. Nous ne pouvons plus continuer à vivre comme des seigneurs.

SPIR (à Teresita). Vous n’auriez pas vu Kareno, par hasard ? J’ai un télégramme pour lui.

TERESITA. Monsieur Kareno est dans sa tour.

OTERMAN. Teresita, il ne faut plus que tu allumes la lampe avant quatre heures. Si tu savais ce que nous brûlons comme huile.

Il sort.

TERESITA. Vous cherchez toujours Kareno ?

SPIR. Non.

TERESITA. Non ?

SPIR. Je préfère rester vous écouter jouer.

TERESITA. Montrez-moi ce télégramme.

SPIR. Je l’ai cacheté.

TERESITA. Il est bien signé “Elina”, n’est-ce pas ?

SPIR. Oui.

TERESITA. “Arrive ce soir, Elina.”

SPIR. Oui, à peu près.

TERESITA. Ce doit être sa femme, vous avez raison.

SPIR. Comment voulez-vous que je le sache !

TERESITA. Quelle heure est-il ?

SPIR. Trois heures.

TERESITA. Trois heures… Elle sera ici dans une petite heure.

SPIR. Je vous ai donné cette information simplement pour vous prévenir, mademoiselle Teresita.

TERESITA. C’est bien ce que j’ai compris. Vous attendez un mot de votre bien-aimée, Jens ?

SPIR. Non.

TERESITA. Vous me manquez quand vous n’êtes pas là. Je me languis de vous.

SPIR. J’espère que vous ne dites pas la vérité.

TERESITA. Pourquoi ?

SPIR. Vous ne devez pas languir d’un homme si peu conscient de vous aimer, mademoiselle.

TERESITA. Le bateau arrive dans une heure ?

SPIR. Normalement, s’il n’a pas d’empêchement.

TERESITA. Que pourrait-il se produire ?

SPIR. À votre avis ?

TERESITA. L’entrée du port ?

SPIR. L’entrée du port est pavée de naufrages.

TERESITA (riant). Les rides de votre visage sont gaies.

SPIR. Je vous tiens responsable de ces rides.

TERESITA. Ce que vous êtes ennuyeux. Vous n’êtes qu’un homme, vous me fatiguez.



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